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Énergie et écologie : un vent nouveau pour attirer vers les métiers du bâtiment

Construction durable, rénovation énergétique... les métiers du bâtiment évoluent vers les enjeux écologiques. Suffisant pour attirer vers le secteur ?
05/09/20239 mins
Par Hugo Messina
Construction durable : le tournant vert des métiers du bâtiment

Deuxième sujet de préoccupation des Français en 2023*, derrière les violences et l’insécurité, l’environnement occupe une place de plus en plus importante dans notre société. Une prise de conscience s'opère progressivement, en même temps que des craintes sur le changement climatique, l’épuisement des ressources ou encore la pollution de notre environnement.

Face à ce constat, les pouvoirs publics tentent d’enclencher des changements et des évolutions majeures dans plusieurs domaines d’activité. Au premier plan, le secteur du Bâtiment et Travaux Publics (BTP), qui mise sur l’écoconstruction, la rénovation énergétique, et d’autres leviers pour moderniser la profession… et relancer l’attractivité des métiers du bâtiment !

*Source : CREDOC, Enquêtes Conditions de vie et aspirations des Français

Secteur du BTP et environnement : quel constat ? ?

Rappel et définition : le BTP, c’est quoi ?

Le BTP - pour Bâtiment et Travaux Publics - regroupe toutes les activités liées à la construction, rénovation, démolition, réhabilitation ou entretien d’infrastructures. En général, on divise cet univers professionnel en deux parties distinctes : 

  • Le bâtiment, comprenant le gros œuvre (travaux de fondation) et le second œuvre (travaux de finition)
  • Les travaux publics, concernant les travaux sur des infrastructures publiques (autoroutes, routes, écoles, gares, monuments, etc.)

Malgré les idées-reçues, ce secteur économique compte une diversité assez large de métiers. En réalité, le BTP ne se résume pas aux fonctions manuelles qu’exercent un maçon. Vous y retrouvez par exemple des professions artisanales et créatives (menuiserie, ébénisterie, ferronnerie, etc.), ou même intellectuelles, plutôt tournées vers la conception et le management (conduite de travaux, architecture, économie de la construction, etc.). 

Le saviez-vous ?

Avec 1 402 456 salariés*, le BTP fait partie des plus gros employeurs de France. Les hommes restent majoritaires, même si le secteur se féminise (12 % de femmes en 2021).

*Source : Observatoire des métiers du BTP (données de 2021)

Le secteur du BTP est assez dynamique. En 2023, plus de 261 000 projets de recrutement sont prévus, d’après Pôle emploi. 

Néanmoins, la plupart des postes ouverts ne trouvent pas preneur : ce sont des métiers en tension. Autrement dit, les entreprises du bâtiment recherchent énormément de professionnels… alors que les candidats se font rares ! C’est ce qu’on appelle aussi une pénurie de main-d'œuvre (74 % des recrutements sont jugés comme difficiles par les employeurs).

Le secteur du BTP, un des plus énergivores ?

Encore maintenant, le BTP reste le premier consommateur d’énergie en France, notamment à cause des anciens équipements de chauffage, de climatisation ou d’éclairage. Concrètement, 44 % de la consommation d’énergie en France provient des bâtiments. 

Au cours d’un chantier, l’essentiel des émissions de CO2 (environ 75 % des émissions de gaz à effet de serre - GES) est créé pendant la phase de construction. D’ailleurs, les chantiers représentent encore la première cause d’artificialisation des sols. 

Sur le papier, le BTP ne figure donc pas parmi les meilleurs élèves en termes de consommation d’énergie et de pollution. D’importants changements semblent nécessaires, voire vitaux, pour réduire l’empreinte écologique de la construction. 

En réalité, le constat est bien différent. En fait, pendant de nombreuses années, les méthodes de construction utilisées par les entreprises du BTP visaient la rapidité et l’efficacité, plutôt que le respect de l’environnement (utilisation de grosses machines sur les chantiers, d’énergies fossiles, etc.). Les (mauvais) résultats relevés pour le secteur du BTP sont dûs en partie aux anciennes constructions. Souvent mal isolées ou construites sans suivre les normes environnementales, elles posent un réel enjeu de rénovation énergétique et écologique des infrastructures.

 

Construction durable, rénovation énergétique… les métiers du bâtiment évoluent ?

Une meilleure prise en compte des enjeux environnementaux

Malgré les chiffres cités précédemment, les métiers du bâtiment s’adaptent très vite (et très bien) aux enjeux environnementaux. Et les initiatives viennent principalement de l’État et des pouvoirs publics. 

Par exemple, le plan France Relance a permis de débloquer pas moins de 6,7 milliards d’euros pour la rénovation énergétique des logements, locaux professionnels et bâtiments publics.

Les entreprises du BTP s’alignent aussi sur la loi transition énergétique pour la croissance verte de 2015. Ce texte fixe deux objectifs environnementaux majeurs : 

  • 50 % d’émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 
  • Neutralité carbone d’ici 2050

Pour le secteur du BTP, il est notamment question d’augmenter la part des énergies renouvelables pour la consommation énergétique et de développer un parc immobilier aux normes Bâtiment Basse Consommation (BBC). 

Dans la même veine, la réglementation énergétique, entrée en vigueur en 2020, inclut désormais d’autres impératifs à respecter, tels que l’empreinte carbone d’un chantier, le mode de fabrication des matériaux et la gestion des déchets.

Comment les métiers du bâtiment intègrent les défis écologiques ?

Pour répondre à ces challenges, les métiers du bâtiment se développent énormément, sur plusieurs fronts à la fois.

Par exemple, la rénovation énergétique est l’un des leviers principaux pour verdir le bâtiment. Avec un parc immobilier parfois composé de bâtiments classés F ou G, les déperditions d’énergie entraînent une consommation plus forte par les ménages (chauffage, électricité, climatisation, etc.). 

Bon à savoir :

Une construction obtient une classification énergétique entre A et G. Plus la note s’approche, moins l’impact environnemental est important. À l’inverse, un bâtiment classé G signifie que l’impact environnemental est énorme (mauvaise isolation, grosse consommation d’électricité, etc.).

D’autres marchés accélèrent également, comme celui du bois ou de l’écoconstruction. Les professionnels du bâtiment, comme les particuliers, cherchent de plus en plus des constructions avec une forte efficacité énergétique. 

La qualité environnementale des matériaux et des constructions compte énormément, à tous les niveaux du projet (conception, construction, entretien, réparation, etc.). Par exemple, les entreprises démocratisent l’usage de matériaux biosourcés ou de matières premières naturelles, comme le bois, la paille ou le chanvre. Ainsi, les constructions se basent sur des matières recyclables, durables et moins polluantes.

La réduction des consommations énergétiques et la décarbonation du bâtiment nécessite aussi de privilégier des énergies renouvelables (éolienne, hydraulique, solaire, biomasse), au lieu des énergies fossiles (carburant, pétrole, plastique, etc.).

Plus étonnant, la construction durable est favorisée par… la transformation numérique ! En effet, les outils digitaux, développés ces dernières années, s’avèrent particulièrement intéressants pour concevoir des infrastructures respectueuses de l’environnement. Par exemple, lors de la construction d’un bâtiment, des experts se servent de logiciels de modélisation 3D pour projeter l’infrastructure, estimer les besoins et éviter le gaspillage de matériaux. 

Quels métiers du bâtiment sont concernés par cette évolution ?

Bien entendu, quasiment tous les métiers du bâtiment sont concernés par cette nouvelle approche du secteur. D’ailleurs, l’approche est de moins en moins compartimentée. Les acteurs du BTP doivent désormais collaborer pour mener à bien un projet de construction. 

Néanmoins, certains métiers du bâtiment ont été impactés plus que d’autres, voire même sont apparus ces dernières années, notamment : 

  • Le BIM manager, qui projette un ouvrage en 3D grâce au Building Information Modeling (Modélisation des données du bâtiment), pour simuler la performance énergétique et thermique du bâtiment
  • Le conseiller en rénovation énergétique / écoconstruction, dont le rôle consiste à mettre en place les bonnes pratiques environnementales, auprès des entreprises et des particuliers
  • L’ingénieur d’études en efficacité énergétique, qui identifie les points faibles d’un bâtiment et les techniques envisageables pour améliorer les performances énergétiques
  • L’économiste de la construction, qui gère le budget mais aussi le type de matériaux utilisés (il doit mettre en place des solutions environnementales pour le chantier)
  • L’artisan de la rénovation énergétique, c’est-à-dire un artisan qualifié pour réaliser des travaux de construction durable (plombier-chauffagiste, couvreur, menuisier, etc.) 

Pour en savoir sur les emplois : BTP : 5 métiers du bâtiment pour se lancer