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Fonction publique : le métier de secrétaire de mairie (enfin) revalorisé ?

Le Sénat souhaite développer l'attractivité du métier de secrétaire de mairie, en revalorisant le statut et en facilitant le recrutement. On vous dit tout !
13/06/20237 mins
Par Hugo Messina
Fonction publique : le métier de secrétaire de mairie (enfin) revalorisé ?

Aujourd’hui, plus de 20 000 secrétaires de mairie animent la vie de milliers de communes en France. Indispensables aux habitants, et plus largement aux collectivités, ces fonctionnaires sont de moins en moins nombreux. Première raison de ce manque de candidats : un problème d’attractivité croissant. Depuis plusieurs années, l’image du secrétaire de mairie n’est pas valorisée à sa juste valeur. 

Récemment, le Sénat a mené une mission d'information sur l'avenir du métier de secrétaire de mairie. Avec ses 17 propositions pour rendre le métier plus attractif, ce projet politique signifie-t-il la revalorisation du statut de secrétaire de mairie ? On fait le point !

Devenir secrétaire de mairie : une voie délaissée ?‍?

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Au fil des années, les petites communes rencontrent d’importantes pénuries de secrétaires de mairie. Si 23 000 secrétaires de mairie sont en fonction en 2023, près de 2 000 postes vacants ont été recensés en France.

Selon le rapport « Les métiers en 2030 », co-réalisé par la Dares et France Stratégie, le scénario pour les prochaines années pourrait être encore plus problématique. En effet, entre 8 000 et 10 000 postes seront à renouveler d’ici 2030, à cause des départs à la retraite et des créations de postes. Autrement dit, si aucune action n’est lancée pour dynamiser la profession de secrétaire de mairie, les pénuries de recrutement iraient en s’accentuant. 

La profession de secrétaire de mairie est même considérée comme « le métier le plus en tension de la fonction publique ». En réalité, ces problématiques de recrutement touchent plus largement l’ensemble des métiers de la fonction publique. Par exemple, la fonction publique d’État a enregistré une baisse de ses effectifs : plus de 5 800 fonctionnaires manquaient à l’appel en 2022 !

Pour en savoir plus sur le secteur de la fonction publique : L’attractivité de la fonction publique : « le grand chantier de cette année 2023 »

Pourquoi le métier de secrétaire de mairie connaît-il une pénurie ? ?

En prenant le problème sous tous ses angles, le constat est sans appel. C’est bel et bien l’attractivité qui demeure l’enjeu principal pour relancer le métier de secrétaire de mairie. 

Devenir secrétaire de mairie est aujourd’hui encore très stéréotypé. Par exemple, la profession reste encore très féminisée. Environ 93 % des effectifs sont représentés par des femmes à l’heure actuelle. Les postes de secrétaires administratifs dans les mairies rencontrent aussi des difficultés pour attirer les jeunes. En fin de compte, 50 % des secrétaires de mairie ont plus de 50 ans et un quart d’entre eux plus de 58 ans. 

Les raisons sont aussi propres au statut qu’occupent les secrétaires de mairie. En 2023, 60 % appartiennent à la catégorie C de la fonction publique. 

Bon à savoir :

Pour rappel, la fonction publique en trois grades :

  • La catégorie C, le niveau d’entrée, pour des fonctions d’exécution
  • La catégorie B, le niveau intermédiaire, pour des fonctions d’encadrement
  • La catégorie A, le niveau supérieur, pour des fonctions de direction et de management

Le secrétaire administratif, vrai couteau-suisse du service communal, n’est pas considéré à sa juste valeur. Rattacher la fonction de secrétaire de mairie au plus bas niveau de la fonction publique ne rend donc pas service à l’attractivité du métier. Les candidats potentiels, motivés à l’idée d’occuper un poste riche de sens et de missions, sont freinés par le statut et les opportunités professionnelles. 

Évidemment, ce poste de catégorie C fait également entrer en jeu la question de la rémunération. Les responsabilités et la polyvalence du métier (le secrétaire de mairie travaille parfois à cheval entre trois, quatre, voire cinq communes !) devraient au contraire garantir un salaire valorisant.